C’est la "zone" , "zoner" , "zonard" .. ! En voilà des mots d’aujourd’hui qui ont une longue histoire ! Autrefois, la zone était une bande de terrain large de 250 mètres qui s’étendait au devant des fortifications de Paris. Le fantôme de bastions démantelés voilà bientôt cent ans. Mais une frontière bien réelle, pourtant. Et que dit-elle cette frontière ? Elle raconte le poids de l’Histoire et l’incapacité des hommes à s’en affranchir tout à fait. Que dit-elle encore, cette frontière ?
La commodité d’un au-delà où rejeter tout ce dont une fringante capitale ne veut pas : le provisoire, le désordre, la misère ; la pègre famélique qui les accompagne... Les chiffonniers, les Apaches en ont fait un repaire. De drôles de bandes au cœur de ce Paris populaire du début du vingtième siècle qui savaient " jaspiner le jars " (parler l’argot ) ! Le feuilleton de la Belle Époque, puis le cinéma n’ont pas manqué de broder une poésie autour de cette débine. Et, de cette population furtive des interstices, ils ont dégagé d’impérissables figures, à commencer par celle de Casque d’or.
On entre dans Paris par des « portes », ou encore par des « poternes ». Ce qui devrait être un seuil, c’est-à-dire une entrée, un passage, ne marque, en définitive, qu’un clivage. On n’est Parisien qu’en deçà. Au-delà, on reste un banlieusard, au mieux un bordurier... Gommer ce clivage reste l’un des principaux enjeux de l’urbanisme parisien.