Henri Ballot, mon père, photographe-reporter franco-brésilien du magazine « O Cruzeiro », y était, il a participé de l’expédition Xingu, dirigée par les
célèbres indigénistes brésiliens, les frères Villas-Boas.
64 ans plus tard, moi, Véronique, je suis répartie sur les traces de mon père. Plusieurs questions me guidaient : que sont devenus les Metuktire plus de six décennies après que l’homme blanc a envahi leur territoire ? Comment cette première rencontre, si riche en promesses, a
impacté leur vie ? Que retrouverai-je de mon père, que j’ai finalement peu connu, dans cette partie encore sauvage du Brésil ?
J’ai donné la parole aux Indiens encore vivants et à leurs descendants, pour confronter passé et présent, en faisant revivre leur mémoire à travers le témoignage des photos de mon père.
Les Kayapos aujourd’hui
Les photos d’Henri Ballot témoignent de la rencontre et du choc entre deux cultures, mais le défi aujourd’hui consiste à comprendre comment les choses ont évolué pour cette communauté.
Les Kayapos ont certainement rencontré plusieurs autres blancs : ethnologues, propriétaires terriens, commerçants, fonctionnaires, etc. Mais aucun ne leur avait restitué les images de leurs prédécesseurs. J’ai retrouvé, entre autres, les deux survivants, le leader Raoni Mentuktire et Bote, qui parlent des images d’autrefois et font le lien avec le présent.
Au delà du parcours de mon père, pionnier d’une aventure humaine, la question de la survie, de la résistance et de la dignité des nations autochtones est cruciale.
Transmissions
Au début du XXème siècle, mon grand-père breton, ingénieur, a été envoyé dans le Rio Grande do Sul. C’est là qu’il a connu ma grand-mère et qu’est né mon père en 1921. Peu de temps après ils sont retournés en France, où mon père a vécu jusqu’à l’Occupation. Après s’être engagé volontaire comme pilote de la Free French Air Force en Angleterre pendant la guerre, il retourne au Brésil, où il a vécu 47 ans.
Quant à moi, née au Brésil, séparée de lui depuis l’âge de cinq ans, je vis à Paris depuis 30 ans. Avec cette archive dont j’ai héritée, je me rapproche de lui tout en retrouvant mes racines brésiliennes.
Lors de la préparation de l’exposition de ses photos, « Regards sur les Indiens d’Amazonie » (présentée notamment au Musée de l’Homme), je me suis souvenue des ses commentaires critiques au sujet de ces voyages. Il s’interrogeait sur l’isolement des autochtones, et contestait l’image officielle idéalisée du « bon sauvage » ou « bon indien ».
Que se passe-t-il quand on refait les chemins du passé ?