L’ombre du Minotaure est le fruit d’un travail de plusieurs années dans le quartier La Grande Borne de Grigny. Par la mise en perspective du passé avec le présent, il raconte 40 ans de relégation en France. Loin de la « légende dorée » des Trente glorieuses et des Grands ensembles, le film propose une traversée des apparences à travers ce quartier emblématique où une personne sur deux a moins de 19 ans et où le taux de chômage triple la moyenne nationale. Une cité dont le visage, bien plus complexe qu’il paraît, appelle un portrait nuancé. Les habitants avec pudeur évoquent les luttes et les espoirs ; les mécanismes d’enfermements et de replis ; les élans solidaires dans le foisonnement des cultures.
Périodiquement des secousses venues des banlieues ébranlent la société civile, agitent les médias. Des explications sont brandies, des accusations aussi qui semblent nous dire que les solutions seraient à portée de main. Dans ce chaos, les visages de l’émigration réveillent souvent les doutes, ou même le rejet, alimentés par des représentations apparemment contradictoires : seraient-ils victimes, stigmatisés, plus propices à la délinquance, sous l’emprise du communautarisme ? Les décennies se succèdent et le mot « banlieues » continue d’être scandé en l’envie. Mais que sait-on finalement ? Que s’est-il passé pendant si longtemps ?