Trois hommes avancent dans une forêt bruissante, entre tapirs, ragondins et toucans : sur les hauts plateaux d’Amazonie, un médecin franco-vénézuélien va de campement en campement pour soigner les chercheurs d’or et de diamants. Directeur de la photographie de formation, Adrien Lecouturier s’entoure d’un monteur-son virtuose (Florian Namias) et confère à chaque séquence une unité, dégageant patiemment une pépite du bloc friable d’un tournage que l’on imagine physiquement éprouvant. Si la lutte contre le paludisme implique de désinfecter systématiquement les campements, le cœur de la consultation de Pierre, le médecin, se joue dans des face-à-face où se disent les fractures physiques et mentales, la dépendance à l’alcool ou à la « pierre ». Faire parler les taiseux du cru semblait a priori impossible, mais lui vit dans la région, et l’on entend jusque dans la discrétion de ses questions qu’un lien insécable l’unit à ses patients. « Pierre retrouve au fond des yeux des mineurs une étincelle qu’il a bien connue », écrit le cinéaste dans une note d’intention. « Son père était chercheur d’or, un minero comme il y en a tant ici, avant d’épouser une indienne des plaines de l’Apure, d’avoir un fils et de rentrer en Europe grâce à la marmite d’or et de diamants ». (Charlotte Garson - Festival Cinéma du réel)