L’écouter, le regarder. Le filmer. Longuement, des mois durant. Seul, face à la caméra résolument fixe, immobile, comme à distance. Distance qui lui permettrait de se préserver, d’avoir le choix de se livrer, plus ou moins, aux souvenirs, aux blessures, aux luttes d’aujourd’hui et d’hier. J’étais seule derrière — toujours de l’autre côté — forçant l’attention d’un spectateur imaginaire, concerné par la misère, ici, en France. Misère s’oubliant sous la rage qui sourd insidieusement, nous frôle, comme le bruissement d’un souffle ténu. Quand elle ne nous terrasse pas.